A deux jours des élections je me suis dit qu’il était pertinent de communiquer sur le sujet. Ce désir vient sans doute des réflexions et impressions qui me viennent lorsque je regarde les débats politiques. Pourquoi à chaque fois que je regarde un débat réunissant les quatre partis francophones principaux, j’ai toujours l’impression d’entendre d’une part des politiciens (parfois brillants d’ailleurs) qui parle le langage électoraliste, supposément consensuel, souvent démagogique et parfois populiste et d’autre part, les Ecolos, qui bien qu’ayant appris à ne pas faire de gaffe de communication (par exemple à parler d’eco-taxes dont la deuxième partie du mot à tendance à donner un point de côté à l’électeur) parlent avec le plus de bon sens sans forcément chercher à dire aux électeurs « Je vais améliorer votre petit confort dans le prochain mandat » en protégeant aveuglément au nom du progrès social certains avantages, mais qui cherchent à dire, « pensons globalement à améliorer la société pour qu’elle sachent prendre en compte les défis de l’avenir à court, moyen et long-terme » (bref, promouvoir le développement durable et ses trois piliers – social, économique et environnement – et pas seulement utiliser son éthiquette et dire « Moi aussi je suis pote à Nicolas Hulot »).
Petit rappel de barème : l’écologie, la protection de l’environnement, la lutte contre le réchauffement climatique, la protection de la biodiversité, ce ne sont pas des lubies d’idéalistes doctrinaires (j’ai remarqué que doctrinaire et donneurs de leçon revenaient souvent dans la bouche des sceptiques et opposants politiques des Verts), ou d’une bourgeoisie éclairée qui ne s’en fait pas des petites pensions, et des taxes des impôts des classes moyennes. C’est le défi à relever pour notre 21ème siècle. Et, avis aux entrepreneurs, salariés, fonctionnaires, indépendant, parvenus, fils à papa, mères au foyer, chômeurs, artistes et retraités, ça nous concerne tous et on a beau se donner bonne conscience en triant nos poubelles, on fonce toujours droit dans le mur : cinquante à deux cent espèces (végétales et animales) disparaissent chaque jours, un rythme de 10 000 à 30 000 fois supérieur à celui d’hécatombes des temps géologique passés (1). Le climat se réchauffe (ah bon ?!), les océans se vident de poissons, l’agriculture et l’élevage industriel s’intensifient, amenant une perte de variétés génétiques et affaiblissant les résistances de la race humaine (allergies, etc.). Bon je ne vais pas tenter de faire une liste exhaustive mais tout ça pour dire que ne pas le voir c’est faire l’autruche et se mettre la tête dans le sable.
Que de belles métaphores ! Le mur, l’autruche et le sable… Est-ce que ça passe bien ? C’est chouette, on peut raconter ça aux enfants, qu’on adore sensibiliser à la protection de l’environnement. Facile ! Ce sont ceux qui ont le moins de responsabilités, de pouvoir décisionnel et pouvoir d’achats. Mais quand il s’agit de prendre une décision lourde de fric, on a vite fait de reléguer ces bonnes pensées aux temps libre, aux loisirs pour ainsi dire. Le nerf de la guerre, celui qui donne du pouvoir (d’achat, de confort, de « liberté », de mobilité) ça reste l’argent. Et l’argent a cela de fascinant qu’il est le vecteur le plus puissant du comportement schizophrène. Je ne prétends pas en être tout à fait exempt à titre personnel.
Mais voyons les bonnes choses dans tout ça. Notre génération (enfin la mienne) aura vu la fin d’un monde bipolaire issu de la deuxième guerre mondiale, l’ouverture de l’ère digitale et l’entrée dans les défis massifs de la démographie et de la gestions des ressources au niveau global. On vit une époque formidable ! Comme le chantent les Cowboys Fringants :
Si la vie vous intéresse
Vous êtes à la bonne époque
Venez célébrer cette Grand-messe
Vous vous sentez inutiles ?
Consommez ! On a du stock
Pour combler l’trou de vos vies serviles !
J’vis dans monde en décadence
Qui se complait dans l’abondance
Et où les gens se mettent en transe
Devant la réussite et les biens matériels
On crée l’plaisir artificiel
Société de contradictions
Où se cotoient beautés canons
Stars d’hollywood aux faux totons
Et obèses aux gros culs su’l bord d’la crise de coeur
Dans cette ” culture du hamburger “
Et malgré que s’creuse le fossé
Entre richesse et pauvreté
Moi j’me sens pas trop concerné
En autant qu’ces choses-là
Se passent pas dans ma vie
J’me rentre la tête dans mon nombril
(1) in Latouche, Serge, « Le pari de la décroissance », Fayard, Paris, 2006, p.9.